Communiqué de presse FAFCE : Défis démographiques et développement durable. Un nouveau chapitre pour les politiques familiales en Europe ?


 Bruxelles, le 26 juin 2020

 « Les associations familiales ne sont pas un groupe de pression, elles ne sont pas un syndicat, et elles ne sont pas seulement une association de consommateurs ; elles sont avant tout la voix de la famille, la première communauté de base, au service de la société dans son ensemble« . Ce furent les mots du Président de la FAFCE, Vincenzo Bassi, lors de l’ouverture du Webinaire sur « Les défis démographiques et le développement durable. Un nouveau chapitre pour les politiques familiales en Europe ? » Il a poursuivit en expliquant les raisons de ce Webinaire, qui « intervient à un moment historique, qui nous montre à tous que nous ne pouvons pas négliger les défis démographiques si nous voulons construire un avenir durable« .
Au début de ce mois, la FAFCE avait souligné le fait que « la pandémie actuelle rappelle à tous que le roc de la vie des personnes est au sein de la famille« . De même, la Vice-Présidente de la Commission européenne en charge de la démographie, Dubravka Šuica, a déclaré que « cette crise a mis en évidence de nombreuses vulnérabilités, dont certaines liées au profond changement démographique qui affecte déjà nos sociétés et nos communautés à travers l’Europe« .

C’est sur cette base que s’est déroulé le Webinaire de la FAFCE, animé par son Secrétaire Général, Nicola Speranza, à la fin du semestre de la Présidence croate du Conseil de l’UE, qui a placé les défis démographiques parmi ses priorités. Marko Vidakušić, coordinateur de l’équipe « Emploi et Politique Sociale » de la Représentation permanente de la Croatie auprès de l’Union européenne, a donné un aperçu des actions entreprises par le Conseil de l’UE au cours du dernier semestre, en particulier les conclusions du Conseil sur « les défis démographiques – la voie à suivre« , invitant les États membres à « promouvoir et mettre l’accent sur des politiques adéquates et coordonnées qui apportent différents types de soutien financier et autre aux familles, en particulier à celles qui élèvent des enfants…« .

Ce Webinaire a également eu lieu une semaine après la publication du rapport très attendu de la Commission européenne sur l’Impact du Changement Démographique. Deša Srsen, membre du cabinet de la Vice-Présidente chargée de la démographie et de la démocratie, a présenté le rapport et a souligné que « ce rapport n’est qu’un point de départ, visant à nous équiper pour faire face au changement démographique« .

Le député européen Marco Zullo, Co-Président de l’Intergroupe sur les Défis démographiques, équilibre famille-travail et transitions des jeunes, a salué l’intérêt porté par les institutions européennes aux questions démographiques et à la famille. « Nous espérons à présent – il a poursuivi – que cet intérêt se traduira par des actions concrètes, par l’attribution de mesures spécifiques allant directement aux familles européennes. Avec l’Intergroupe « Démographie », nous sommes prêts à faire notre part au Parlement européen ».

Le député européen Karlo Ressler, Vice-Président de l’Intergroupe sur les Défis démographiques, équilibre famille-travail et transitions des jeunes, a souligné comment « la pandémie COVID-19 a aggravé les effets démographiques et a fait peser un fardeau supplémentaire sur tous les groupes de la société, y compris les familles, qui se sont à nouveau révélées être un abri fondamental contre la pauvreté et l’exclusion sociale« . Il a également proposé des orientations concrètes pour faire face au changement démographique, sur la base de la politique de cohésion, tout en respectant les compétences des États membres.

Après le Webinaire, Vincenzo Bassi a déclaré que « nous ne devons jamais oublier que l’UE a été construite par des communautés et, en fin de compte, par les familles. Nous avons pu constater aujourd’hui que nous avons des interlocuteurs très positifs au sein des institutions européennes, la Commission européenne travaillant pour la première fois clairement sur les défis démographiques à ses plus hauts niveaux. Nous sommes heureux d’apporter notre contribution avec sérénité et franchise, dans un esprit de service pour le bien commun. Nous suivons avec intérêt la préparation de la Conférence sur l’avenir de l’Europe : il n’y a pas d’avenir sans enfants et il n’y a pas d’enfants sans familles. Il est urgent de rétablir l’équilibre intergénérationnel en Europe. Pour ce faire, nous devons construire un nouveau paradigme pour placer la famille au centre des politiques publiques de long terme en Europe« . 
 La Fédération des Associations Familiales Catholiques en Europe (FAFCE) représente 26 associations locales et nationales: nous sommes la voix des familles d’une perspective catholique au niveau européen. La FAFCE détient un statut participatif auprès du Conseil de l’Europe et fait partie de la plateforme des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Communiqué de presse de l’UNAF (Union nationale des Associations familiales) dont font partie les AFC : Comment stopper 10 ans de politique défavorable aux familles ?

25/06/2020

Publication de l’étude inédite Unaf-OFCE

Dès le début de la crise sanitaire, les familles ont été mises à contribution : école à la maison, garde d’enfant, accueil des jeunes adultes, accueil des proches handicapés, solidarité vers les plus âgés. Comme si après de longues années d’indifférence, on redécouvrait combien les familles sont importantes et constituent la première cellule de solidarité de la société française. L’étude confiée par l’Unaf à l’OFCE (Centre de recherche en économie de Sciences Po) démontre que la dernière décennie a été marquée par une réduction massive du soutien aux familles ayant charge d’enfants. A la veille de la publication d’un rapport parlementaire sur la politique familiale, pour l’Unaf, il faut passer des constats aux décisions.

Une étude inédite sur 10 ans d’évolution du système socio-fiscal pour les familles

Depuis la crise financière de 2008, le niveau de vie moyen a stagné en France. Mais que cache cette moyenne, notamment selon que l’on ait ou non des enfants à charge, et selon le nombre de ces enfants ?  

L’Unaf a demandé à  l’OFCE de décomposer l’impact de l’évolution du marché du travail et celui des changements de notre système de prélèvements et d’aides sociales, selon la composition des ménages, notamment le nombre d’enfants, et selon les différents déciles de niveaux de vie.

Les premiers résultats de cette étude sans précédent avaient été dévoilés le 23  janvier dernier à l’occasion d’un colloque à l’Assemblée nationale, intitulé « Avoir des enfants, ça change tout ».

Plus les parents ont d’enfants, moins les réformes leur ont été favorables

– Les évolutions du marché du travail ont été négatives pour les familles monoparentales et elles ont peu profité aux familles nombreuses. Ces familles sont celles qui ont le plus de difficultés à concilier vie familiale et professionnelle, et elles ont donc moins bénéficié de la reprise de l’emploi qui s’amorçait avant la crise sanitaire.  Ces conclusions rappellent que  l’accès à l’emploi des parents est le principal déterminant du niveau de vie des familles avec enfant. Or, sur ces 10 années, aucune initiative forte n’a été prise pour faciliter la vie des parents qui travaillent. Au contraire, les dispositifs  ont peu évolué ou ont été rognés comme l’indemnisation du congé parental par exemple.

– Les réformes des aides aux familles ont suivi une véritable logique inversée de la charge d’enfant : hormis pour les foyers les plus pauvres, plus les parents avaient d’enfants à charge, moins les réformes leur ont été favorables.

– Les couples sans enfant ont été moins mis à contribution que les couples avec enfant. A niveau de vie égal, les couples avec enfant ont pu être jusqu’à quatre fois plus ponctionnés que les couples n’ayant pas ou n’ayant plus charge d’enfant. C’est l’effet des politiques de coupes qui ont visé spécifiquement les familles ayant des enfants à charge : modulation des allocations familiales, coupes massives sur la Prestation d’Accueil du Jeune Enfant (PAJE), baisse du plafond du quotient familial, décalage de la prime de naissance…

Dérives d’un système socio-fiscal qui ignore de plus en plus les enfants

En définitive, 2008-2018 est une décennie défavorable pour les familles avec enfants : les réformes mises en œuvre n’ont quasiment pas pris en compte la composition familiale, sauf pour la réduction de certains droits. Hormis pour les parents les plus pauvres, notre système de prélèvements obligatoires et d’aides considère de plus en plus  la charge d’enfants comme une dépense de loisirs, arbitrable et facultative. Notre système socio-fiscal tient de moins en moins compte des enfants.

Comme dans d’autres pays européens (Allemagne, Italie), faisons de la politique familiale un levier de relance économique et de confiance sociale, avec deux priorités : répartir équitablement les efforts et les soutiens en fonction du  niveau de vie, donc de la composition familiale ; donner une ambition nouvelle aux politiques de conciliation vie familiale-vie professionnelle pour donner accès à l’emploi à tous les parents.

lire cette étude :

https://www.unaf.fr/spip.php?article26611