Tribune de Blanche Streb dans le quotidien « La Croix » du 13 septembre 2023: On ne peut se dire féministe quand on est favorable à la GPA.

On ne peut se dire féministe quand on est favorable à la GPA – Réseau Vie (reseauvie.fr)

Docteure en pharmacie, Blanche Streb est essayiste et directrice de la formation d’Alliance VITA.

Dans une récente déclaration, le ministre des transports Clément Beaune s’est prononcé en faveur de la légalisation de la GPA. Blanche Streb propose une réflexion sur ce que « porte en elle » la GPA et rappelle la violence de la marchandisation du corps de la femme.

La gestation pour autrui (GPA) revient régulièrement sur le devant de la scène. Et c’est à Clément Beaune, ministre des transports, qui se montre favorable à sa légalisation, que l’on doit le dernier soubresaut. Ces dernières années, toutes sortes de pièges émotionnels et dialectiques destinés à habituer l’opinion ont ronronné : films, séries, magazines affichant sur leurs couvertures glamours des « people » qui y ont eu recours à l’étranger et ne se cachent même plus…

Certains aimeraient qu’enfin « la société soit prête » quand d’autres nous présentent la GPA de manière édulcorée, comme un progrès, un sens de l’histoire ou une question d’égalité. Faudrait-il alors se faire à l’idée, détourner les yeux ? Après tout, chacun fait bien ce qu’il veut… Dans un contexte où on confond discernement et jugement, et où l’autocensure guette, par peur, il peut sembler difficile de préserver sur ces sujets une liberté intérieure. Mais quand on commence par ne plus oser dire, on finit par ne plus oser penser.

Un enjeu d’humanité
Que porte en elle la GPA ? Rien de moins qu’un enjeu d’humanité qui concerne chacun : la manière dont on veut que notre société conçoive, respecte et regarde l’enfantement. Face à la fascination de la technique, aux logiques de marché, aux pressions de l’individu-aux-désirs-tout-puissants, qu’est-ce encore que donner la vie à un enfant ? Qu’est-ce que le donner à sa vie ?
En réalité, quels qu’en soient les raisons et l’amour qui précède aux intentions, avec la GPA, on ne donne pas la vie, on la prend. Les commanditaires – et toute une chaîne de production dont la mère porteuse est l’essentiel, mais pas unique maillon – combinent à l’avance la conception d’un enfant et son abandon par celle en qui sa vie aura pris corps.

Un paradoxe idéologique
Peut-on se dire humaniste quand on est favorable à une pratique qui regarde l’humain – femme et enfant – comme un moyen ? Tolérer la GPA, c’est admettre comme licite la transaction préméditée d’un être humain. Gratuit ou payant, qu’est-ce que ça change pour l’enfant ? Le simple fait qu’il soit « remis » le chosifie. Lui qui doit grandir et se construire au sein d’une femme, aussi dévouée soit-elle, contrainte à vivre sa grossesse sans s’attacher. Faisable, pour lui comme pour elle, nous dit-on. Mais est-ce humain ? Grossesse et conception ne sont pas des étapes transparentes de notre vie, elles en écrivent les premières lignes.

Peut-on se dire féministe quand on est favorable à une pratique qui mine les droits des femmes ? Tolérer la GPA, c’est accepter les mécanismes d’exploitation des femmes qu’elle exige. Et pas seulement de celles qui deviennent enceintes et accouchent, mais aussi, on les oublie souvent, de celles qui, pour satisfaire certains processus de fabrication, deviennent pourvoyeuses d’ovocytes, souvent pour de l’argent. Consentement, liberté, don, pressions financières ou gratuité… Les conditions qui préexistent à un contrat de GPA n’en effacent jamais les contraintes pour les femmes : violences médicales pour mettre en place ces grossesses atypiques, atteintes à leurs libertés, leur intimité, risques accrus d’hypertension, de complications, de souffrances physiques, psychiques, sexuelles, anxiété, dépression…

Une question éthique
Cette fabrication de la vie à tout prix ne cesse de révéler ses inextricables sombres côtés, à mesure que ce marché se mondialise. Pays riches, pays pauvres, même constat : chacun rapporte régulièrement des faits divers déchirants. Ça se passe bien, parfois, souvent, nous dit-on, mais est-ce humain ? En 2022, le Parlement européen a réitéré sa condamnation : « L’exploitation sexuelle à des fins de gestation pour autrui et de reproduction est inacceptable et constitue une violation de la dignité humaine. »

Peut-on se dire progressiste quand on est favorable à une pratique entraînant une telle régression humaine ? Modernité ou pas, rien n’a changé, l’être humain a besoin d’enracinements. Un bébé a besoin de sa mère. Dès la naissance, il cherche sa présence. Il sait qui elle est, qui elle n’est pas. Qu’on y accole l’adjectif « porteuse » ou qu’on lui dénie d’être une mère biologique – malgré neuf mois d’intense communion physique, biologique, psychique et émotionnelle qui laisseront à vie des traces – n’y change rien.

La GPA est politique
Tolérer la GPA, c’est planifier sa conception au travers d’un éclatement de sa filiation et d’une relative ou définitive séparation. Parfois même, c’est effacer purement et simplement « maman » de l’histoire de l’enfant. Arracher un nouveau-né au seul univers qu’il connaît, voix, odeurs, bruits du cœur, c’est l’amputer durablement et imprimer au fer rouge un traumatisme dans son psychisme. Pas par un accident de la vie, ce qui peut arriver et qu’on essayera de réparer, mais par une décision d’adultes sur lui, un préjudice orchestré. Un récit auquel il faudra bien consentir pour construire sa vie, jaillie d’une injustice. C’est supportable, c’est surmontable, nous dit-on, mais est-ce souhaitable ?

La GPA n’est pas inéluctable. C’est une question de volonté politique, mais, avant cela, d’un combat culturel. Il n’y a pas de sens de l’histoire, juste des hommes et des femmes qui font, ou défont, l’histoire.

TRANSMISSION DE LA FOI: une affaire de confiance et de temps

Nous aimerions tant que nos enfants aient la foi, mais comment la leur transmettre ?

Vaste sujet que celui de la transmission de la foi, tant les parents se retrouvent souvent sur un fil, entre la responsabilité de favoriser la rencontre de leurs enfants avec dieu et celle de reconnaître leur liberté dans ce domaine. Pour commencer, nous pouvons témoigner de ce qui nous fait vivre, nous rend heureux, dire notre foi personnelle, oser parler de notre rencontre intime avec dieu mais aussi de nos doutes. Pour accompagner nos enfants sur ce chemin, il est important de prier devant eux, avec eux, d’aller à la messe ensemble, de leur faire apprécier la richesse d’une vie intérieure. La Bible regorge d’histoires passionnantes : n’hésitons pas à leur raconter, pourquoi pas au moment de les coucher ? Les rites sont précieux et construisent nos enfants, y compris dans la foi. Le quotidien nous fournit aussi de multiples occasions de transmettre notre foi. Nous pouvons leur faire découvrir et apprécier la beauté de la création quand nous nous promenons, en nous émerveillant avec eux d’un beau paysage ou d’un
moment agréable.

Prier devant eux, avec eux

Être chrétien, c’est servir ses frères : si nous témoignons de la joie que nous ressentons, nous inviterons ainsi nos enfants à se tourner vers l’autre, à rendre service, à être disponibles, à s’engager et à être de beaux témoins dans le monde de l’amour du Christ. C’est aussi en passant du temps avec nos enfants que nous pourrons leur témoigner de l’amour inconditionnel que nous avons pour eux, à l’image de celui du christ pour nous. Nous pouvons leur parler simplement, sincèrement de la confiance que nous avons en dieu, en la vie et en l’avenir dans les joies comme dans les épreuves. Car la transmission de la foi passe aussi par l’exemple.

Un certain abandon

Que cela devienne difficile ou non, nous ne sommes pas seuls, nous avons des relais sur lesquels nous pouvons nous appuyer : parrains, marraines, grands-parents, amis, aumônerie, camps, etc. En cette période de vacances, beaucoup de rencontres, d’échanges, de témoignages sont propices à de beaux cheminements. Nous devons aussi reconnaître à nos enfants leur liberté dans la foi, à l’image de dieu qui nous laisse toujours libres. Au-delà de notre témoignage et de nos échanges avec eux, la transmission de la foi passe aussi par un certain abandon : lâchons ce qui ne nous appartient pas, remettons nos enfants à dieu sans nous mettre à sa place et ayons confiance.

Transmission de la foi : une affaire de confiance et de temps (afc-france.org)

LE MONDE DES RESEAUX SOCIAUX ET LES JEUNES

La confédération nationale des AFC a publié chez Téqui éditions « 12 questions à se poser sur les réseaux sociaux« , une brochure éducative à destination des parents. Elle est disponible dès à présent en librairie ou sur la boutique en ligne des AFC.

Les réseaux sociaux ont fait irruption dans nos vies avec la généralisation de l’accès à Internet sur nos téléphones portables.

La plupart des parents les ont vus arriver dans leur quotidien, dans celui de leurs adolescents, puis de leurs enfants. Ils n’ont pas grandi, enfants, avec ce mode de communication et n’ont pas reçu de repères éducatifs sur ces questions.

Les réseaux sociaux sont donc un nouveau champ éducatif à investir. Il ne s’agit pas de laisser faire ou de tout interdire mais, ce qui est plus exigeant, d’accompagner nos enfants et d’en faire aussi un lieu de progrès personnel. C’est pourquoi nous avons à mieux connaître les différents réseaux sociaux, leurs atouts et leurs risques. Nous avons aussi à éduquer nos enfants afin qu’ils apprennent à les utiliser de manière réfléchie, respectueuse des autres et d’eux-mêmes et, mieux encore, enrichissante.

Le téléphone portable que nous offrons à nos enfants et qui, par les réseaux sociaux, leur permet des relations qui nous échappent nécessite de faire preuve d’autorité jusqu’à ce que ceux-ci deviennent des adultes dans le monde numérique. Il ne s’agit pas d’autoritarisme mais d’une juste autorité au sens étymologique d’augmenter ou de faire croître. Nos choix ou nos repères peuvent différer des familles de notre entourage : nous chercherons à discerner et mettre en œuvre ce qui est bon pour nos jeunes, pour aujourd’hui et demain, afin qu’ils grandissent et s’épanouissent dans ce monde tout en gardant leur liberté.

12 questions à se poser sur les réseaux sociaux
Téqui éditions
6 € – disponible en librairie, aux éditions Téqui, ou sur la boutique en ligne des AFC.

Adolescents : savoir qui je suis pour choisir où je vais

Les adolescents passent de la construction de leur personnalité à des choix essentiels pour leur avenir. Comment les aider à traverser ces étapes ?

Qui sont-elles ?

Frédérique Guerre est formatrice au sein de l’atelier des parents et de l’IEDH. Elle intervient auprès d’adolescents et de leurs parents, et donne des conférences dans différents lieux.

Lucie Chavanne est cofondatrice des Formidables, organisme qui accompagne les jeunes par différents parcours dès le collège pour les aider à gagner en confiance et à éclairer leurs choix d’avenir.

Comment les jeunes que vous rencontrez se projettent-ils dans l’avenir ?

Lucie Chavanne – Nous constatons qu’ils se projettent assez peu, tard, et surtout sur des métiers un peu « valise », inspirés de ce qu’ils voient autour d’eux, dans leur famille ou sur les réseaux sociaux. Jusqu’au début du lycée, ils sortent peu des chemins connus. Nous rencontrons aussi beaucoup de doutes, de questions, parfois de l’angoisse, et il est rare de voir un élève, même en Première ou Terminale, qui soit capable de citer trois qualités pour se décrire, ou de décrire ce qu’il aime faire et ce qui le motive dans la vie. Ce stress vient aussi du fait qu’on s’y prend trop tard, c’est pourquoi nous avons décidé de proposer nos parcours de connaissance de soi dès le collège. Non pas pour les questionner tout de suite sur leur métier, mais pour les accompagner dans la découverte d’eux-mêmes.

Frédérique Guerre – Je remarque aussi que les ados sont perdus. Ils sont dans un moment instable où le regard qu’ils portent sur eux-mêmes fluctue beaucoup. D’où l’importance de montrer que l’on croit en eux. une étude menée à Harvard [voir zoom p8] a montré les effets bénéfiques de la confiance qu’on place en eux. Quant à l’orientation, je trouve qu’ils subissent parfois une sorte de pression. On leur demande très tôt ce qu’ils veulent faire, or c’est difficile pour eux qui ne savent justement pas bien qui ils sont. Ils peuvent même parfois donner une réponse simplement pour être tranquilles. Pour moi l’orientation est vraiment quelque chose qui se mûrit, qui demande de prendre du temps, de s’observer soi-même et les autres, de se renseigner.

Collégiens, lycéens… Quelles sont les spécificités de chaque âge dans la construction de la personnalité ?

L. C. – Cette question est difficile parce qu’on tombe vite dans la caricature, mais il y a quand même de grandes étapes : au début du collège, on reste dans la fin de l’enfance. Selon les neurosciences, l’ado est alors en surproduction de matière grise, ouvert et curieux, et ses apprentissages sont très rapides. Le rôle modèle du parent et le lien de confiance avec lui sont préservés. En 4e-3e, on rentre dans une phase de montagnes russes émotionnelles difficile à gérer pour l’ado et pour ses parents. La confiance en soi est mise à mal. c’est à ce moment de la construction de la personnalité que nous intervenons avec Les Formidables : notre approche est fondée sur le fait que personne n’a les mêmes talents que les autres, qu’on en a tous et qu’ils sont tous beaux. cela permet aussi la découverte de l’altérité : ce n’est pas parce qu’on est différent qu’on ne peut pas entrer en relation, et on a besoin les uns des autres parce qu’on n’a pas les mêmes talents. Vient ensuite le lycée : ça s’apaise un peu. c’est là que nous entrons dans le vif du sujet de l’orientation ; comment ce que j’ai découvert sur mes talents et mes forces va éclairer mes choix d’avenir ?

F. G. – Je vous rejoins quant à la vulnérabilité des ados. À cet âge, ne sachant pas qui ils sont, ils préfèrent être le clone d’un autre pour cacher leur vulnérabilité. Pour les parents, aider son enfant à développer sa personnalité commence très tôt : tout au long de l’enfance, ils remplissent une valise de toutes les valeurs qu’ils veulent lui transmettre. Le petit les prend d’abord comme repères, pour faire plaisir à ses parents et parce qu’il n’a pas d’autres modèles. L’adolescent, lui, va tout envoyer bouler. Puis il va faire ses propres choix et discerner ce qu’il veut garder, afin de refaire sa propre valise, qui fera de lui un adulte autonome avec ses objets à lui. Il s’affirme d’abord en se différenciant de ses parents, puis en devenant une copie conforme des autres ados avant de s’en démarquer petit à petit.

Quelles sont les différentes facettes de la connaissance de soi ?

L. C. – Je pourrais donner trois ingrédients. D’abord, la découverte par le jeune de sa singularité. il s’agit de l’aider à repérer ce qu’il sait faire avec facilité, ce qui lui donne de l’énergie, etc. deuxièmement, l’importance du regard bienveillant de l’autre. Nos parcours impliquent les parents ou les camarades de classe : quand ils décrivent à l’ado ce qu’ils ont observé de lui et racontent des moments où ils l’ont vu utiliser ses talents, cela confirme ses forces et l’aide à croire en lui. c’est ce regard qui ancre la connaissance de soi. le jeune n’est pas seul devant son ordinateur ou son téléphone à répondre à des questionnaires de personnalité parfois très aléatoires. Le troisième ingrédient, c’est l’action : c’est beau de connaître ses talents, mais l’important c’est de savoir ce qu’on en fait. On appelle ça l’activation des talents. L’adolescence est vraiment l’âge de la prise de risque et de la créativité, il est bon de les encourager à tester, à faire des stages, des expériences. On gagne en confiance en soi parce qu’on se voit utiliser ses talents.

F. G. – Parents ou éducateurs, nous sommes des révélateurs des talents des jeunes que nous accompagnons. et notre regard aidera d’autant mieux le jeune si on lui décrit ce qu’on voit de lui, lui permettant de trouver lui-même sa propre valeur. lui dire qu’il est courageux ne va servir à rien : si demain un camarade lui dit le contraire, il ne saura plus qui croire. Alors que si on décrit ce qu’il a fait, il va se dire lui-même : « je suis courageux ». Notre critique doit être constructive et non pas évaluative. c’est à lui de prendre conscience de ses atouts. il est important, aussi, de le laisser exprimer ses opinions : expliquer ce à quoi il croit va l’aider à se connaître. d’ailleurs, ces échanges nous font grandir nous aussi !
L’adolescence est une deuxième naissance pour nos ados, mais aussi pour nous.

Entre intrusion et désengagement, comment accompagner ses enfants tout en les laissant libres pour leurs choix d’avenir quand on est parents d’ados ?

F.G. – l’adolescence est vraiment une question de dosage : certains auront besoin de plus de soutien et les autres de plus de liberté. les parents non plus ne sont pas les mêmes. J’ai des souvenirs de rencontres de parents en période d’orientation, certains ne savent même pas quels vœux ont choisis leurs enfants, tandis que d’autres ne lâchent pas les leurs, essayant de les convaincre de s’inscrire à telle ou telle formation ! Je crois que l’équilibre passe par le fait de montrer au jeune qu’on est présent s’il en a besoin et qu’on cherche à le soutenir, mais que c’est lui qui choisira à la fin.

L.C. – votre question parle de la confiance : si je suis dans l’intrusion, c’est certainement que je n’ai pas confiance dans la capacité de mon ado à se débrouiller seul et à faire ses choix ; à l’inverse, si je suis dans le désengagement, c’est que je ne me fais pas suffisamment confiance pour reprendre la situation en main avec bienveillance et pour l’accompagner. La confiance, c’est la capacité à vivre des expériences tout en acceptant de naviguer dans l’inconnu. En tant que parent, cela veut dire accepter que notre enfant soit dans l’incertain, qu’il connaisse des revirements, et rester serein malgré tout. car ce n’est pas à lui de nous rassurer, mais plutôt à nous, parents, de lui donner confiance ! Dans cette période de choix, faire intervenir un tiers dans le binôme parent-ado est souvent pertinent.

F.G. – Absolument, car le parent, du fait de son lien affectif, peut parfois vouloir que son enfant répare ce qu’il n’a pas pu faire lui-même. On croit souvent connaître notre enfant mais on a un prisme. c’est intéressant de le voir agir avec d’autres, de l’observer dans ses différents engagements. D’où l’importance, aussi, de garder sa porte ouverte pour que ses amis viennent à la maison et nous le révèlent d’une manière différente.

Comment réagir quand nos enfants sont en difficulté ou qu’on n’est pas d’accord avec leurs choix ?

F.G. – En tant que parents, on veut le meilleur pour son enfant : on choisit pour lui la meilleure école, les meilleures activités, on se projette pour lui dans un avenir heureux par une voie qu’on imagine. Et puis cet enfant peut choisir quelque chose de complètement différent. Il faut alors faire le deuil de cet enfant rêvé. Ce qui est important c’est de garder le lien avec lui. J’aime cette image où chacun se tient sur une montagne : il s’agit d’essayer de rejoindre le jeune sur sa montagne afin d’observer son point de vue et d’essayer de le comprendre, sans le juger. Par cette rencontre, on va l’interroger sur ses motivations, mais on va aussi l’aider à cheminer et à explorer en profondeur ses raisons d’agir. Cela demande de faire preuve d’ouverture et d’accepter qu’il puisse se tromper. Et s’il fait un choix qui ne nous semble pas pertinent, je crois quand même que notre devoir de parents, après avoir souligné les raisons de notre inquiétude, est de le soutenir une fois qu’il est posé. De l’aider à trouver les moyens pour que, peut-être, cela fonctionne. Et le soutenir à nouveau si cela n’aboutit pas.

L.C. – Quand on n’est pas d’accord avec le choix de son enfant, il est intéressant de se demander pourquoi : « qu’est-ce que cela dit de moi, de mes peurs, de mes filtres ? » Ensuite, se poser les mêmes questions pour son enfant : « Pourquoi a-t-il tellement envie de faire cela ? Qu’est-ce que cela montre de ses motivations, de ce qu’il aime faire ? » Passer par ces interrogations est très important. dans un deuxième temps, l’idéal est d’adopter une posture de partenaire, d’équipier, et de creuser la piste ensemble. Beaucoup de parents cherchent à faire rencontrer à leur enfant des personnes qui exercent ce métier : cela peut aider à sortir de l’image d’Épinal et à se confronter à la réalité. Le parent, quand il connaît bien son enfant et les environnements propices pour qu’il déploie ses ailes, peut aussi l’aider à se poser les bonnes questions pour savoir si cette voie lui correspond bien ou non. Enfin, même si c’est difficile en tant que parents, il faut accepter que le jeune puisse se tromper : la vie est longue, on peut faire des allers-retours. Dans l’échec, on apprend et on développe aussi plein de compétences. Si on arrive à garder un peu de sérénité, c’est génial !

Zoom

Une expérience prouve l’importance d’un regard bienveillant

Une expérience menée à San Francisco a prouvé que les résultats des élèves étaient d’autant meilleurs que leurs enseignants plaçaient leurs espoirs en eux. En septembre, les chercheurs ont fait passer des tests de Q.I. à tous les enfants, gardant les résultats pour eux. Ils ont sélectionné au hasard cinq enfants par classe, qu’ils ont présentés comme « prometteurs » à leurs enseignants. À la fin de l’année scolaire, les chercheurs ont refait passer un test de Q.I. à tous les élèves pour comparer les résultats des élèves dits normaux et ceux des élèves désignés comme prometteurs. Ces derniers ont en moyenne beaucoup plus progressé que les autres. Ces résultats sont particulièrement vrais pour les classes de CP et de CE1, pour lesquelles on peut penser que les attentes des enseignants jouent un grand rôle.

MESSAGE DU PAPE A L’OCCASION DE LA 3ème JOURNÉE MONDIALE DES GRANDS-PARENTS ET DES PERSONNES ÂGÉES.

23 juillet 2023

« Sa miséricorde s’étend d’âge en âge » (Lc 1, 50)

Chers frères et sœurs !

« Sa miséricorde s’étend d’âge en âge » (Lc 1, 50) : c’est le thème de la 3ème Journée Mondiale des Grands-Parents et des Personnes Âgées. C’est un thème qui nous renvoie à une rencontre bénie : la rencontre entre la jeune Marie et sa parente âgée Élisabeth (cf. Lc 1, 39-56). Cette dernière, remplie de l’Esprit Saint, adresse à la Mère de Dieu des paroles qui, des milliers d’années plus tard, rythment notre prière quotidienne : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni » (v. 42). Et l’Esprit Saint, déjà descendu sur Marie, l’inspire à répondre par le Magnificat, où elle proclame que la miséricorde du Seigneur s’étend d’âge en âge. L’Esprit Saint bénit et accompagne toute rencontre fructueuse entre les différentes générations, entre grands-parents et petits-enfants, entre jeunes et personnes âgées. Dieu désire en effet que les jeunes réjouissent le cœur des personnes âgées et qu’ils puisent la sagesse de leurs expériences, comme Marie l’a fait avec Élisabeth. Mais, avant tout, le Seigneur désire que nous ne laissions pas les personnes âgées seules, que nous ne les reléguions pas en marge de la vie, comme c’est malheureusement trop souvent le cas aujourd’hui.

Cette année, la proximité entre la célébration de la Journée Mondiale des Grands-Parents et des Personnes Âgées et celle des Journées Mondiales de la Jeunesse est belle ; toutes les deux ont pour thème “la hâte” (cf. v. 39) de Marie à rendre visite à Élisabeth et nous amènent à réfléchir sur le lien entre jeunes et personnes âgées. Le Seigneur souhaite que les jeunes, en les rencontrant, accueillent l’appel à préserver la mémoire, et qu’ils reconnaissent, grâce à elles, le don d’appartenir à une histoire plus grande. L’amitié d’une personne âgée aide le jeune à ne pas réduire sa vie au présent et à se rappeler que tout ne dépend pas de ses propres capacités. Pour les plus âgés, en revanche, la présence d’un jeune ouvre l’espérance que ce qu’ils ont vécu ne sera pas perdu et que leurs rêves se réaliseront. En définitive, la visite de Marie à Élisabeth, et la conscience que la miséricorde du Seigneur se transmet d’une génération à l’autre, révèlent que nous ne pouvons pas avancer – ni même nous sauver – tout seuls et que l’intervention de Dieu se manifeste toujours ensemble, dans l’histoire d’un peuple. C’est Marie elle-même qui le dit dans le Magnificat, en exultant en Dieu qui a accompli des merveilles nouvelles et surprenantes, fidèle à la promesse faite à Abraham (cf. v. 51-55).

Pour mieux accueillir le style de l’agir de Dieu, rappelons-nous que le temps doit être vécu dans sa plénitude, parce que les réalités les plus grandes et les rêves les plus beaux ne se réalisent pas en un instant, mais à travers une croissance et une maturation : en chemin, en dialogue, en relation. C’est pourquoi ceux qui se concentrent uniquement sur l’immédiat, sur leurs propres avantages à obtenir rapidement et avec avidité, sur le “tout et maintenant”, perdent de vue l’action de Dieu. Au contraire, son projet d’amour s’étend sur le passé, le présent et l’avenir, il embrasse et relie les générations. C’est un projet qui va au-delà de nous-mêmes, mais où chacun est important et, surtout, est appelé à aller plus loin. Pour les plus jeunes, il s’agit d’aller au-delà de l’immédiat où la réalité virtuelle nous enferme et nous détourne souvent de l’action concrète. Pour les plus âgés, il s’agit de ne pas s’attarder sur les forces qui s’affaiblissent et de ne pas regretter les occasions perdues. Regardons vers l’avant ! Laissons-nous modeler par la grâce de Dieu qui, d’âge en âge, nous libère de l’immobilisme et des regrets du passé !

Dans la rencontre entre Marie et Élisabeth, entre jeunes et personnes âgées, Dieu nous donne son avenir. En effet, le chemin de Marie et l’accueil d’Élisabeth ouvrent la porte à la manifestation du salut : à travers leur étreinte, sa miséricorde fait irruption dans l’histoire humaine avec une joyeuse douceur. Je voudrais donc inviter chacun à penser à cette rencontre, mieux, à fermer les yeux et à imaginer un instant cette étreinte entre la jeune Mère de Dieu et la vieille mère de saint Jean-Baptiste ; à se la représenter dans l’esprit et à la visualiser dans le cœur, pour la fixer dans l’âme comme une lumineuse icône intérieure.

Et j’invite ensuite à passer de l’imagination au concret en faisant quelque chose pour étreindre les grands-parents et les personnes âgées. Ne les laissons pas seuls, leur présence dans les familles et les communautés est précieuse, elle nous donne la conscience de partager le même héritage et de faire partie d’un peuple où l’on conserve les racines. Oui, ce sont les personnes âgées qui nous transmettent notre appartenance au Peuple saint de Dieu. L’Église, tout comme la société, a besoin d’elles. Elles livrent au présent un passé nécessaire pour construire l’avenir. Honorons-les, ne nous privons pas de leur compagnie et ne les privons pas de la nôtre, ne permettons pas qu’elles soient rejetées !

La Journée Mondiale des Grands-Parents et des Personnes Âgées veut être un petit signe délicat d’espérance pour eux et pour toute l’Église. Je renouvelle donc mon invitation à tous – diocèses, paroisses, associations, communautés – à la célébrer en mettant l’accent sur la joie débordante d’une rencontre renouvelée entre jeunes et personnes âgées. À vous jeunes, qui vous préparez à partir pour Lisbonne ou qui vivrez les Journées Mondiales de la Jeunesse chez vous, je voudrais dire : avant de vous mettre en route, allez rendre visite à vos grands-parents, rendez visite à une personne âgée qui vit seule ! Sa prière vous protégera et vous porterez dans votre cœur la bénédiction de cette rencontre. À vous personnes âgées, je demande d’accompagner par la prière les jeunes qui s’apprêtent à célébrer les JMJ. Ces jeunes sont la réponse de Dieu à vos demandes, le fruit de ce que vous avez semé, le signe que Dieu n’abandonne pas son peuple, mais qu’Il le rajeunit toujours avec l’imagination de l’Esprit Saint.

Chers grands-parents, chers frères et sœurs âgés, que la bénédiction de l’étreinte entre Marie et Élisabeth vous parvienne et qu’elle remplisse vos cœurs de paix. Je vous bénis avec affection. Et vous, s’il vous plaît, priez pour moi.

Rome, Saint-Jean-de-Latran, 31 mai 2023, Fête de la Visitation de la Vierge Marie.

                                                                                     FRANÇOIS

PRIÈRE POUR LA 3e JOURNÉE MONDIALE
DES GRANDS-PARENTS ET DES PERSONNES ÂGÉES 2023
Vierge Marie,
Mère de la foi et de l’espérance,
modèle pour cette humanité courbée par l’indifférence,
rendez-moi disponible comme Vous
à accueillir la volonté de Dieu
à magnifier et louer Sa Miséricorde.
Marie, Mère de la force d’âme
Vous qui connaissez mon coeur,
ne me laissez pas me décourager.
Je remets ma vie entre vos mains avec confiance.
Guérissez mes blessures
Que votre tendresse m’accompagne sur mon chemin.
Que votre présence, Mère de l’amour
nous fasse connaître la joie
de voir nos familles unies.
Aidez-moi à transmettre la tendresse et l’Amour de Dieu
aux petits-enfants et aux jeunes
afin que outre le fait de prier pour eux
nous puissions prier avec eux.
Intercédez Marie, pour moi, le don de l’Esprit Saint :
soutenez ma faiblesse ;
insufflez dans mon coeur la consolation
de pouvoir laisser des traces de foi parmi les jeunes,
le témoignage de la beauté de la vie,
la connaissance que la vie a une limite
et qu’au-delà d’elle nous attend l’étreinte du Père.
Amen.