ARTICLE CNAFC. La fidélité, une exigence naturelle et mystique. Quel regard la doctrine sociale de l’Eglise porte-t-elle sur la fidélité dans le couple, cette exigence à la fois naturelle et mystique ?

Une seule chair

Dans le mariage, « l’homme et la femme “ne sont plus deux mais une seule chair” et sont appelés à grandir sans cesse dans leur communion à travers la fidélité quotidienne  à la promesse du don mutuel total que comporte le mariage », affirme saint Jean-Paul II dans Familiaris Consortio (§19).

Si l’Église appelle chacun des époux à cette « donation personnelle totale jusqu’en sa dimension temporelle », c’est parce que Dieu est amour, et « vit en lui-même un mystère de communion personnelle d’amour ». « En créant l’humanité de l’homme et de la femme à son image et en la conservant continuellement dans l’être, Dieu inscrit en elle la vocation, et donc la capacité et la responsabilité  correspondantes, à l’amour et à la communion » (§11).

Le mariage chrétien répond donc  à « une exigence profondément humaine », celle de « la complémentarité naturelle qui existe entre l’homme et la femme ». Mais « dans le Christ Seigneur, Dieu prend cette exigence, il la confirme, la purifie et l’élève, la menant à sa perfection par le sacrement de mariage » (§19).

Préparation au mariage : le regard du Pape François

Il est donc important que la préparation au mariage réponde à ces deux exigences, naturelle et surnaturelle. C’est ce à quoi invite le pape François dans l’exhortation post-synodale Amoris Laetitia : « La pastorale pré-matrimoniale et la pastorale matrimoniale  doivent être avant tout une pastorale du lien, par laquelle sont apportés des éléments qui aident tant à faire mûrir l’amour qu’à surpasser les moments durs. Ces apports ne sont pas uniquement des convictions doctrinales, et ne peuvent même pas être réduits aux précieuses ressources spirituelles que l’Église offre toujours, mais ils doivent aussi être  des parcours pratiques, des conseils bien concrets, des tactiques issues de l’expérience,
des orientations psychologiques. » (§211)

Couples dans la souffrance

Mais l’Église n’oublie pas les couples traversés par la souffrance : « Un engagement  pastoral faisant plus encore appel à la générosité, à l’intelligence et à la prudence » leur est dû, affirme Familiaris Consortio (§77), qui dresse une longue liste des épreuves qui les menacent : « les familles de ceux qui sont astreints à de longues absences ; les familles des prisonniers, des réfugiés et des exilés ; celles qui n’ont pas de maison ; celles qui ne comportent que l’un des parents ; les familles qui ont des enfants handicapés ou drogués ; celles qui souffrent de discrimination ; les familles divisées, celles qui sont composées d’époux encore mineurs ; les personnes âgées, plus d’une fois contraintes à vivre dans la solitude et sans moyens de subsistance. »

Le texte voit aussi dans l’épreuve l’occasion pour les pasteurs de « comprendre et faire vivre les aspects élevés de la spiritualité du  mariage et de la famille, qui trouvent leur inspiration dans la valeur de la croix et de la résurrection du Christ, source de sanctification et de profonde joie dans la vie quotidienne, dans la perspective des grandes réalités eschatologiques de la vie éternelle. »

« Dans toutes ces situations », invite saint Jean-Paul II, « on n’omettra jamais la prière, source de  lumière et de force en même temps qu’aliment de l’espérance chrétienne. »

Les services des AFC pour les couples

Aux AFC, nous savons bien que quand les couples sont stables et unis, en plus de leur famille, c’est toute la société qui en bénéficie. C’est pourquoi elles agissent pour le couple de multiples façons.

Aimer en Vérité est un cycle de visioconférences en ligne, au rythme de 3 soirées par an, avec un intervenant. avec des supports pour la communication dans le couple, des conférences et podcasts ou encore des articles à destination des couples. Le thème de l’année 2024 est la fidélité.

Dîner en amoureux est un support de communication pour les couples.

Enfin, de nombreux podcasts et articles sont disponibles sur notre site.

LA CHRONIQUE DES AFC : Emission présentée par Pascale Morinière sur RCF.

Chaque semaine, Pascale Morinière, des Associations familiales catholiques (AFC), réagit à l’actualité qui concerne la vie des familles: La chronique des AFC | RCF

VOUS N’IMAGINEZ PAS TOUT CE QUE LES AFC PEUVENT FAIRE POUR VOUS ! (Article ALETEIA, Mathilde de Robien 22/04/2024).

Plus de 20.000 familles bénéficient des services offerts par les AFC (Associations Familiales Catholiques) et prêtent leur voix à l’association pour qu’elle défende leurs intérêts auprès des organismes représentatifs. Alors pourquoi pas vous ?

“Quand j’étais adolescent, puis étudiant, j’ai souvent eu l’occasion d’assister à des conférences organisées par les AFC sur des sujets sociétaux qui me paraissaient importants”, confie Gildas, désormais marié et père de quatre enfants. “Mes parents étaient adhérents, je connaissais le mouvement, c’est donc naturellement que ma femme et moi y avons adhéré juste après notre mariage, il y a une quinzaine d’années. Nous voulons que notre voix, en tant que famille, soit représentée dans le débat public et sommes conscients que les AFC ont une véritable influence auprès des instances publiques sur tous les sujets ayant trait à la famille.”

Les années passent – les AFC fêteront leurs 120 ans en 2025 – mais la cause qu’elles défendent, elle, demeure. Une cause majeure, fondement de toute société : la famille. Depuis 1905, les AFC font la promotion de la famille dans la sphère politique et sociale, et la soutiennent à travers de nombreux services. Dès lors, la CNAFC (Confédération nationale des associations familiales catholiques) n’a de cesse de renouveler et d’étendre ses champs d’intervention, de la représentation auprès des pouvoirs publics au soutien à la parentalité et à la conjugalité. En effet, pour Pascale Morinière, actuelle présidente des AFC, il est utile de “reconnaître l’action bénéfique des familles unies pour toute la société et de soutenir la stabilité des couples”. Car “c’est dans la famille, à partir du lien conjugal, que se situe le premier incubateur de la vie sociale”, confiait-elle récemment à Aleteia. 

Porter la voix des familles

Les AFC comptent 20.755 familles adhérentes et 276 AFC locales réparties sur tout le territoire. Leur objectif ? “Promouvoir la famille, communauté de vie et d’amour d’un homme et d’une femme, fondée sur le mariage, et cellule de base de la société.” Une ambition qui se traduit par de nombreux services et missions. “Je suis mère de famille et en tant qu’adhérente aux AFC, je sais que ma voix est représentée auprès des instances publiques. Je n’ai franchement pas le temps de le faire moi-même, d’écrire à mon député, ou de prendre rendez-vous avec le maire… et je suis bien contente que les AFC fassent tout cela pour moi”, explique Claire, 35 ans, mère de deux jeunes enfants, adhérente à l’AFC de la Vallée de Montmorency, dans le Val d’Oise. “Leur donner ma voix permet en outre qu’elles aient davantage de poids auprès des institutions”, ajoute-t-elle. 

En effet, l’une des premières missions des AFC est de représenter les familles auprès des organismes représentatifs, et leur influence est directement liée au nombre de ses adhérents. Par leur rattachement à l’Union nationale des associations familiales (UNAF), les AFC siègent dans de nombreux organismes tels que le Conseil économique, social et environnemental (CESE), le Haut Conseil de la famille de l’enfance et de l’âge (HCFEA), la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), le Conseil d’orientation des retraites (COR)… Autant de lieux où faire entendre la voix des familles et défendre leurs intérêts est capital.

Veiller à la dignité des patients

Dans le cadre de leur mission de représentation et de service aux familles, les AFC disposent également de trois agréments nationaux : association de défense des consommateurs, association de jeunesse et d’éducation populaire, et association d’usagers du système de santé. Ce dernier agrément, obtenu en 2008, est méconnu et pourtant, il peut s’avérer extrêmement pratique. Il s’agit d’un agrément accordé par le ministère de la Santé, qui permet à une association de représenter les patients et les usagers du système de santé, faire le lien entre l’administration et les familles, et veiller à la qualité des services prodigués. Depuis 2008, les AFC sont ainsi reconnues comme “Association représentant les usagers dans les instances hospitalières ou de santé publique”. Les AFC comptent ainsi 74 représentants des usagers du système de santé.

Claire y a eu recours récemment pour sa mère, hospitalisée dans une clinique pour des soins dentaires. La patiente, âgée, avait réglé une facture conséquente, sans avoir eu de reçu (ou l’ayant perdu). Après de multiples tentatives – infructueuses – pour recouvrer le précieux justificatif, Claire a contacté le représentant des usagers et a pu obtenir un duplicata. Les représentants des usagers peuvent intervenir dans bien d’autres cas, à l’exclusion des sujets thérapeutiques et médicaux. Ils peuvent rendre visite aux patients, pour voir s’ils ont été bien accueillis, bien informés, s’ils sont satisfaits ou s’ils ont des idées d’amélioration, puis faire part de leurs remontées à l’administration de l’hôpital. Leur but est d’aider les familles dans un moment délicat ou éprouvant, en faisant toujours primer la dignité de la personne.

Agir localement sur la politique familiale

Les AFC comprennent 276 AFC locales. Un excellent maillage sur le territoire, indispensable pour peser en faveur des familles, et être à leurs côtés dans leur quotidien. En effet, l’antenne locale est la mieux placée pour connaître les besoins des foyers de sa ville ou de sa région et elle entretient des liens privilégiés avec les institutions locales : au niveau de la commune (mairies, centres communaux d’actions sociales (CCAS), etc.) mais aussi sur le plan départemental et régional par l’intermédiaire des UDAF et des URAF. Pour les AFC, 80% de la politique familiale se joue localement. 

Rémi de Corbier, marié et père de cinq enfants, cadre dans la banque, est président de l’AFC locale de Bordeaux et de la fédération des AFC de Gironde, ce qui représente environ 480 familles. Il est régulièrement saisi par des familles, le dernier recours en date étant l’organisation d’un stage intitulé “Drag qui casse les codes” par la MJC de Mérignac (33) en février dernier, qui avait pour but de faire découvrir l’univers des drag-queens aux enfants dès 11 ans. “Il est important que nos enfants soient exposés à une variété d’expériences et d’idées, mais il est tout aussi crucial qu’ils soient protégés contre des influences potentiellement inappropriées. L’exposition précoce à certains aspects du drag peut être déroutante pour les jeunes esprits en développement et peut avoir des conséquences psychologiques négatives”, avait alerté Rémi de Corbier. “L’AFC Bordeaux et Nord Gironde a lancé une pétition qui a permis d’annuler le stage”, souligne son président.

“Il est très important pour nous de garder le lien avec nos députés, afin d’être associés aux sujets en discussion.”

Un exemple parmi tant d’autres des multiples initiatives que peut impulser une AFC locale. Car cela est sans compter les nombreux événements organisés à l’adresse des parents et des familles (conférences, rencontres conviviales, chantiers-éducation, formations…) mais aussi les rencontres avec les élus. “Il est très important pour nous de garder le lien avec nos députés, afin d’être associés aux sujets en discussion et de faire en sorte qu’ils pensent à nous lorsqu’ils vont devoir se prononcer”, précise Rémi de Corbier. “Il y a cette volonté de faire accroître notre poids politique dans les décisions locales, qui ont un impact au niveau national.”

Épauler les parents

L’un des axes majeurs des AFC est de soutenir les parents, “premiers et principaux éducateurs” de leurs enfants. En ce sens, les chantiers-éducation sont le “navire amiral” des AFC, selon les mots de Bénédicte Bernard-Bacot, chargée de mission à la CNAFC. À ce jour, 3.680 familles bénéficient des chantiers-éducation, au nombre de 460 répartis en France et en Belgique. Un nouvel élan a été observé l’année dernière. “Il y a eu 200 demandes, uniquement via le site internet, c’est énorme”, constate Bénédicte Bernard-Bacot. 

La vocation, depuis plus de 30 ans, des chantiers-éducation est de proposer un lieu d’écoute et d’échange entre parents, sur les questions d’éducation, à travers des groupes de 6 à 10 personnes qui se réunissent une fois par mois. “Les parents lisent énormément d’articles, de livres, de magazines, sur la parentalité… Dans les chantiers, on laisse les livres de côté et on part de sa propre expérience, terrain, dans sa vie de tous les jours”, explique Bénédicte Boudineau, responsable nationale des chantiers-éducation. Les parents partagent leurs pratiques, s’enrichissent mutuellement, décident de recaler leur action ou au contraire sont confortés dans leur action éducative. Les animateurs des chantiers bénéficient de formations de qualité, et transmettent ainsi des repères éducatifs qui viennent enrichir les échanges. Rapidement, les parents réalisent qu’ils ne sont pas seuls !

Autre manière d’épauler les parents : apporter des réponses et une vision positive de la sexualité aux enfants. Les AFC forment des adultes pour parler de sexualité aux enfants et être capable de répondre à leurs interrogations. “Grandir et Aimer” est une formation AFC d’éducation affective, relationnelle et sexuelle, dont 1.400 enfants ont bénéficié en 2023. Depuis 2018, 200 personnes – dont 37 sur l’année 2023 – ont été formées et interviennent de manière active dans les écoles, les groupes scouts ou les patronages. 

Enfin, de nombreuses publications labellisées AFC sont des mines d’or pour les parents. Le livre Lucas et Léa, Le cours de la vie(Salvator) permet d’aborder la transmission de la vie. La collection “12 questions” donne aussi de bons repères éducatifs au sujet de la pornographie, l’usage des réseaux sociaux ou encore, dans un ouvrage à paraître prochainement, la gestion de l’argent de poche.

Soutenir les couples

Les AFC en sont convaincues, quand les couples sont stables et unis, c’est toute la société – en plus de leur famille – qui en bénéficie. C’est pourquoi l’association multiplie les initiatives en faveur des couples : avec des supports de communication, des conférences et des podcasts, ou encore des articles à destination des couples. Chaque année, un cycle de conférences gratuites et en ligne intitulé “Aimer en vérité” propose d’approfondir le mystère du couple chrétien. Le thème de cette année est la fidélité. Des enseignements, des témoignages… Un véritable “service après-vente” du mariage !

Les AFC ont également concocté un livret Dîners en amoureux. Un guide clé-en-main pour favoriser la communication conjugale et aborder des thèmes tels que “la gratitude”, “rêver”, “ensemble”, “communiquer”, “nécessaire ou indispensable”, “fortifier son couple” et “venez à l’écart”. L’objectif ? Se retrouver, partager, se redécouvrir, pour consolider son couple et prévenir d’éventuelles crises à venir.

Offrir un éclairage à la lumière de la doctrine sociale de l’Église

La doctrine sociale de l’Église est le fondement de toutes les actions orchestrées par les AFC. À la lumière de cette doctrine, elles défendent une culture de vie. Les AFC font entendre la voix des familles sur les sujets de lois de bioéthique, de l’avortement, de l’euthanasie… Le 12 mars dernier, à la suite des annonces d’Emmanuel Macron sur le projet de loi “fin de vie”, les AFC ont ainsi fait part de leur détermination à combattre l’aide à mourir : “Les AFC appellent à une prise de conscience des enjeux liés à ce projet de loi, en particulier en regardant les dérives des pays qui y ont déjà recours, et à développer un modèle français fondé sur les soins palliatifs qui sont la seule vraie réponse aux souffrances en fin de vie”.

Les AFC proposent enfin de (re)découvrir le trésor de la doctrine sociale de l’Église avec sa formation Cap DSE. Nul besoin d’un doctorat en théologie, mais plutôt d’un simple désir de conversion. Quels sont les droits de ma famille ? Quel est le sens des tâches ménagères ? Construire ma carrière ou être plus disponible en famille ? Autant de questions concrètes qui concernent les familles au quotidien. Dans le relativisme ambiant, la doctrine sociale de l’Église offre ainsi des points de repère essentiels pour orienter sa vie familiale et sociale.

POUR ADHERER OU RENOUVELER SON ADHESION: Odoo (afc-france.org)

PROTECTION DES MINEURS CONTRE LA PORNOGRAPHIE : des progrès en cours. (Article CNAFC)

Le 10 avril 2024, une loi « de sécurisation numérique » a été votée, prévoyant notamment des contrôles renforcés pour limiter l’accès des mineurs aux sites pornographiques.

2,3 millions de mineurs fréquentent les sites pornographiques en France

La fréquentation des sites pornographiques par les mineurs est un véritable fléau. Le rapport de l’ARCOM (Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle) sur « la fréquentation des sites « adultes » par les mineurs » relève qu’ils sont 2,3 millions à fréquenter ces sites en France et que dès 12 ans la moitié des garçons s’y rendent en moyenne une fois par mois. Avant leurs 15 ans, 70% des garçons et 53% des filles ont vu des fims pornographiques.

Jusqu’ici, une loi votée en 2020 (Amendement Lemercier-Décret application 2021) prévoyait le blocage obligatoire de sites X aux mineurs à charge de leurs propriétaires. Dans ce cadre, l’ARCOM avait été saisie par des associations au sujet de sites ne contrôlant pas l’accès des mineurs (c’est le cas général) et, après mise en demeure, avait porté l’affaire devant le tribunal judiciaire de Paris. Le tribunal avait proposé une simple médiation et la situation n’avait pas été réglée.

Une nouvelle loi dite « de sécurisation numérique »

Votée le 10 avril 2024, elle prévoit que l’ARCOM devra établir un référentiel fixant les exigences techniques minimales auxquelles auront à se conformer les systèmes de vérification d’âge minimum des sites pornographiques. Ce référentiel devra être publié dans les deux mois suivant la promulgation de la loi.

Pour permettre aux sites de se mettre en conformité avec la législation, il est envisagé que ceux-ci puissent, pendant six mois, être accessibles sur présentation d’une carte bancaire valide disposant d’un système d’authentification forte pouvant être effectuée par un tiers indépendant

Ensuite, une identification plus poussée sera prévue avec la présentation d’un document d’identité ou d’un système de reconnaissance faciale. En effet, les jeunes de 16 ans peuvent disposer d’une carte bancaire. Un système de protection des données devra garantir l’anonymat.

Cette loi de sécurisation d’internet permettra en outre à l’ARCOM d’ordonner directement le blocage et le déréférencement des sites pornographiques qui n’empêchent pas les mineurs d’accéder à leur contenu après mise en demeure. Cela est un progrès notable car il fallait auparavant passer par une décision de justice, ce qui prenait du temps avec un résultat aléatoire, comme indiqué ci-dessus.

Des mesures contraignantes pour les sites concernés

Ces mesures visent les sites français et extraeuropéens mais pourront concerner aussi les sites implantés dans des pays de l’Union Européenne après saisie préalable des autorités du pays concerné.

En outre, les hébergeurs devront retirer dans les 24 heures les contenus pédopornographiques qui leur sont signalés par la police et la gendarmerie, sous peine d’un an de prison et 250 000 euros d’amende, voire plus en cas de manquement habituel.

L’efficacité de ces mesures dépendra cependant d’une part de la célérité et de l’opérationnalité des procédures que mettra en place l’ARCOM pour contrôler l’âge des personnes qui se connectent à ces sites (jusqu’ici, il appartenait aux sites concernés de prendre les dispositions adéquates) et d’autre part de la possibilité effective de bloquer les sites situés dans les pays de l’Union européenne après saisie des gouvernements concernés.

On peut cependant espérer arriver enfin à interdire l’accès de ces sites aux personnes mineures ! Restons vigilants ! Ce qui ne veut pas dire que ces sites soient recommandables pour les personnes majeures ! Les films dits « pour adultes » sont intrinsèquement pervers quel que soit l’âge !

« Accompagner les familles est crucial pour le bien-être des communautés » : interview de Dubravka Šuica (Vice présidente de la Commission européenne).

Prérogative nationale, la politique familiale doit néanmoins faire partie des préoccupations de chaque échelon au sein de l’Europe. Vice-présidente de la Commission européenne, chargée de la démocratie et de la démographie, Dubravka Šuica, développe pour les AFC sa vision d’une politique familiale qui relève les défis de l’époque.

Dubravka Šuica est vice-présidente de la Commission européenne, chargée de la démocratie et de la démographie. Née le 20 mai 1957 à Dubrovnik, (Croatie), elle a été maire de Dubrovnik, députée au Parlement croate et députée européenne.

Vous plaidez pour que les familles soient accompagnées pour avoir le nombre d’enfants qu’elles désirent. Pourquoi ?

D.S. : En Europe, nous sommes confrontés à de nombreux défis démographiques comme le vieillissement de la population et la baisse des taux de natalité, qui ont un impact significatif sur nos économies et nos systèmes sociaux. Soutenir l’environnement familial contribue à encourager une croissance démographique saine, garantissant ainsi une main-d’œuvre dynamique et productive pour l’avenir. Il s’agit également d’une question d’égalité des genres. Trop de femmes se retrouvent exclues du marché du travail car elles doivent s’occuper soit de leurs enfants, soit de leurs parents. Nous devons également veiller à ce que des structures d’aides adaptées soient mises en place pour aider les femmes à intégrer le marché du travail sans avoir à choisir entre leur vie personnelle et professionnelle. L’accompagnement des familles est donc d’une importance fondamentale. Nous devons également reconnaître que les tendances démographiques jouent un rôle crucial dans la configuration du tissu social, économique et culturel de nos sociétés. Veiller à ce que toutes les familles puissent accueillir le nombre d’enfants qu’elles souhaitent, sans obstacles, n’est pas seulement une question de liberté individuelle, c’est aussi crucial pour le bien-être et la durabilité de nos communautés.

A tous les niveaux de gouvernance, notre société doit fournir un soutien adéquat à toutes les familles. J’entends par là des mesures visant à garantir un équilibre entre travail et vie personnelle, des services de garde abordables, des politiques de congé parental et des soins de santé accessibles, et à autonomiser les individus pour qu’ils prennent des décisions éclairées sur leur planification familiale, favorisant ainsi une société démographiquement équilibrée et socialement résiliente.

Quelle est la compétence de l’Union Européenne pour promouvoir ou mettre en œuvre des mesures de politique familiale, et quelles sont les prérogatives des États ou des échelons plus locaux sur cette question ?

D.S. : A strictement parler, la politique familiale relève de la compétence des États membres et l’Union européenne n’a pas de rôle direct dans ce domaine. Les politiques en matière de garde d’enfants, de congé parental et de soutien aux familles font partie de la politique sociale des États membres. Cependant, la Commission a un rôle à jouer, notamment par la coordination, l’échange des meilleures pratiques et la mise en œuvre de politiques plus larges ayant un impact sur les aspects sociaux et économiques pertinents pour les familles. Par exemple, le Socle européen des droits sociaux énonce des principes liés à l’égalité des chances, à l’accès au marché du travail et à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, qui peuvent avoir des implications pour les politiques familiales des États membres. Le Garantie européenne pour l’enfance vise à fournir aux enfants dans le besoin, et donc à leurs familles, un accès à des services de garde abordables, à l’éducation et aux services de santé, un repas chaud à l’école, etc.

Il n’y a pas de solution universelle, et les contextes sociaux, culturels et économiques de chaque endroit doivent être pris en compte lors de l’élaboration des politiques familiales. Cela permet la flexibilité et la réactivité quant aux besoins spécifiques des personnes dans leurs communautés. Les autorités locales et régionales ont un rôle crucial car elles ont souvent des responsabilités dans des domaines tels que l’éducation, les services sociaux et de santé, qui ont un impact direct sur les familles. L’une des préoccupations majeures est le fait que de nombreuses petites communautés, en particulier dans les zones rurales, connaissent un appauvrissement de ces services, ce qui contribue à un cercle vicieux de fuite des cerveaux et de mécontentement, puisque les jeunes, y compris les familles, s’en vont à la recherche de meilleures opportunités. C’est également un domaine où l’Union européenne peut jouer un rôle, comme nous l’avons fait en présentant notre initiative Valoriser les talents dans les régions européennes, qui aborde ces questions.

Pour les AFC, la politique familiale doit servir d’une part à faciliter la vie des familles, et d’autre part à compenser les charges que n’ont pas ceux qui n’ont pas d’enfants. Quelle est votre vision de la politique familiale ?

D.S. : Comme je l’ai dit, la politique familiale relève de la compétence des États membres et non de celle de la Commission européenne, il n’y a pas de solution universelle et nous devons nous adapter aux besoins locaux. Cela ne signifie pas que nous ne sommes pas en mesure de promouvoir des politiques qui apportent une contribution à cet égard. C’est pourquoi, au niveau de l’Union européenne, nous promouvons l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, l’égalité des genres et l’inclusion sociale dans le but de contribuer à la cohésion sociale et au développement économique, en nous appuyant sur les valeurs et les principes sur lesquels est fondée l’Union européenne.

Selon un rapport de l’IGAS “l’intérêt de la prise en charge à l’extérieur du domicile parental pour les enfants de moins de 1 an est très contesté : l’accueil hors du domicile des parents, s’il intervient à un trop jeune âge, pourrait avoir des conséquences défavorables pour l’enfant”. Par ailleurs, la dernière enquête CNAF sur les modes d’accueil indique qu’une large proportion des parents juge qu’il est plus adapté de rester auprès de leur enfant pendant sa première année de vie. Comment l’Europe peut-elle aider les familles à avoir des modes de gardes plus adaptés à ces constats ?

Bien sûr, nous reconnaissons l’importance de fournir des options de garde d’enfants qui correspondent aux besoins de développement des enfants et aux préférences des familles. L’Union européenne peut jouer un rôle important dans le soutien aux États membres pour améliorer la qualité et l’accessibilité des options d’éducation et de garde des jeunes enfants. Dans le cadre de la stratégie européenne en matière de soins, le Conseil de l’Europe a émis une recommandation axée sur l’éducation et la garde des jeunes enfants, s’appuyant sur les objectifs de Barcelone établis en 2002. Nous avons fourni un cadre complet pour que les États membres améliorent leurs services. Cette recommandation fixe des objectifs spécifiques de participation pour les enfants de moins de trois ans et ceux âgés de trois ans jusqu’à l’âge de l’enseignement primaire obligatoire. Elle vise une participation d’au moins 45% pour les enfants de moins de trois ans. Elle ne demande pas que les enfants de moins d’un an soient gardés et encourage les États membres à améliorer les conditions d’accueil pour tous les enfants. L’accent mis sur des conditions d’accueil accessibles et abordables est essentiel, car il encourage les États membres à limiter les dépenses directes des parents et à développer des solutions pour ceux qui ont des horaires de travail atypiques. Non seulement, cette approche soutient les parents dans une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, mais elle respecte également leurs préférences.

Quels freins avez-vous rencontrés dans votre volonté d’accompagner les familles pendant votre mandat ?

D.S. : C’est la première fois qu’un membre du Collège des commissaires de la Commission européenne est chargé de relever les défis démographiques. Nous avons commencé par établir des bases solides, fondées sur des faits et des chiffres à travers deux rapports démographiques, et avons travaillé sur divers aspects du défi démographique global. Avec le Livre vert sur le vieillissement, nous avons ouvert une discussion sur le vieillissement sain et actif ainsi qu’une approche du cycle de vie entier pour vieillir. Nous avons porté une attention particulière au soutien et à l’autonomisation des enfants à travers la Stratégie pour les droits de l’enfant et la Garantie pour l’enfance. Nous avons également soutenu les aidants à travers la Stratégie européenne en matière de soins. Nous avons abordé la dimension géographique des changements démographiques grâce à l’initiative Valoriser les talents et à la Vision à long terme pour les zones rurales, travaillant à garantir que personne ne soit laissé pour compte, où qu’il vive. Enfin, nous avons élaboré une boîte à outils démographique pour aider les États membres à relever les défis démographiques qui leur sont spécifiques. Nous promouvons donc le bien-être des familles de nombreuses manières, mais nous devons en faire davantage. J’ai plaidé en faveur de la création d’une agence ou d’une institution chargée de la démographie au niveau de l’UE. Nous avons besoin de ressources supplémentaires et dédiées pour travailler sur la démographie et nous avons besoin du soutien des États membres pour amplifier ces appels.