Retour sur le décret « Rivotril »


Suite aux informations sur les réseaux sociaux concernant le décret du Premier Ministre, sur le rapport du ministre des Solidarités et de Santé, permettant la prescription de  « Rivotril » injectable en médecine de ville, nous vous invitons à prendre connaissance de l’avis du Pr Guirimand, responsable de la maison médicale Jeanne Garnier, à Paris, et du Dr Claire Fourcade, vice-présidente de la SFAP (Société Française d’Accompagnement et de soins Pallaitifs). Cette circulaire a pour but de pallier temporairement des carences de médicaments en médecine de ville.

Un décret autorisant la disponibilité transitoire en ville de certains médicaments (paracétamol injectable, Rivotril®…) a semé le trouble chez certains avec la crainte d’une « légalisation » de l’euthanasie qui ne dirait pas son nom en particulier dans les établissements pour personnes âgées (EHPAD). https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041763328&categorieLien=id
Nous affirmons avec force que cette crainte n’est pas fondée.
L’infection par le Covid 19 provoque chez certains patients, en particulier les plus fragiles, des atteintes respiratoires graves pouvant parfois entraîner la mort par asphyxie.
La réanimation nécessaire à la prise en charge de ces troubles respiratoires est extrêmement lourde et ne peut être supportée par les patients les plus vulnérables. Pour lui éviter une obstination déraisonnable, une décision de non-réanimation peut être prise avec le patient s’il est en état d’exprimer sa volonté ; sinon, elle est prise de façon collégiale, c’est-à-dire après une réflexion associant ses médecins, son équipe soignante et chaque fois que possible l’avis d’une équipe de soins palliatifs ou une équipe gériatrique, en respectant ses directives anticipées ou, à défaut, après consultation de sa personne de confiance ou de sa famille (loi du 2/2/2016 sur la fin de vie).
Assurer à ces patients un accompagnement digne et le soulagement de leurs symptômes reste une priorité. Pour éviter la sensation d’étouffement une sédation (diminution de la conscience) peut être nécessaire et parfois en urgence car la dégradation peut être rapide.
Des propositions thérapeutiques graduées selon la gravité de la situation et indiquant dans quelles circonstances et comment manier ces médicaments ont été faites par la SFAP (société française d’accompagnement et de soins palliatifs). Il s’agit d’aider les équipes à anticiper ces situations et à pouvoir réagir rapidement. (http://www.sfap.org/actualite/outils-et-ressources-soins-palliatifs-etcovid-19)
Il existe un grand nombre de médicaments à visée sédative dont le Rivotril® fait partie. Comme les autres (Valium®, Seresta®, Lysanxia®, Temesta®, Xanax®, Lexomil®…), selon les doses, il agit contre l’anxiété avec un effet amnésiant puis comme sédatif. Certains sont très difficilement disponibles actuellement en raison de nombre de patients à traiter. Il était donc utile de rendre le Rivotril® plus facilement accessible.
La crainte d’une intention d’euthanasie relayée par les réseaux sociaux n’est pas fondée. Restons tous responsables de nos propos. Il est difficile pour les soignants, infirmiers(ières) et médecins, de poser ce geste d’endormir un patient en asphyxie comme il est difficile pour les familles de ne pas pouvoir accompagner leur proche. A la souffrance, n’ajoutons pas la culpabilité.

Frédéric Guirimand Professeur associé de Médecine Palliative. Université de Versailles Saint Quentin Maison Médicale Jeanne Garnier – Paris

Dr Claire Fourcade, vice-présidente de la SFAP, pôle de soins palliatifs, Polyclinique le Languedoc, Narbonne.


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