Un sentiment partagé de dégradation de la politique familiale…


Quel que soit le milieu social, la majorité des familles nombreuses se sentent moins soutenues qu’auparavant. Les familles nombreuses estiment être les premières victimes des réformes de la politique familiale. Cette impression s’accroît en fonction du nombre d’enfants. Ainsi, près de 40% des familles de quatre enfants et plus se disent de moins en moins soutenues par la politique familiale, contre 34% des parents de deux enfants, selon l’enquête menée par l’Unaf auprès de plus de 31.000 familles. Un sentiment majoritaire chez tous les sondés puisque peu de familles se sentent davantage soutenues (11% des familles de quatre enfants et plus). De manière plus générale, 62% d’entre elles jugent qu’il est plus difficile d’élever leurs enfants qu’avant.

Des baisses successives du plafond du quotient familial fiscal à la récente sous-indexation des prestations familiales (en deçà de l’inflation), la politique familiale a été chamboulée depuis 2012. Conçue pour réduire les écarts entre les ménages avec ou sans enfants, elle vise aujourd’hui de plus en plus à lutter contre la précarité.

Dans ce contexte, l’avis des familles nombreuses sur ces changements varie-t-il en fonction de leur milieu social ? Plus de la moitié des parents cadres (51%) notent une dégradation du soutien dont ils bénéficiaient. Seuls 3 % ont ressenti une amélioration. Si ce pourcentage augmente chez les parents employés (9%) ou parents ouvriers (11%), la majorité des familles nombreuses se sentent moins soutenues qu’auparavant. 31% des ouvriers et 35% des employés partagent cette impression d’érosion des aides de l’État.

«Ce sentiment d’une dégradation est largement diffusé dans l’ensemble des milieux sociaux» Marie-Andrée Blanc, présidente de l’Unaf

«Ce sentiment d’une dégradation est largement diffusé dans l’ensemble des milieux sociaux, y compris dans ceux a priori peu ou non affectés», par ces mesures, pointe l’Unaf. «Contrairement aux idées reçues, ces réductions – notamment la sous-indexation des prestations familiales – ont touché toutes les familles, y compris celles qui ont de faibles revenus, avertit Marie-Andrée Blanc, présidente de l’Unaf. À ceci s’ajoute, au niveau des communes et des départements, des augmentations de tarifs des services, comme les transports scolaires, les cantines, les accueils périscolaires et les accueils de loisirs, qui touchent aussi toutes les familles.»

Elle appelle donc le gouvernement à se montrer «vigilant» alors que chaque modification des politiques familiales «a des effets démultiplicateurs sur les familles nombreuses».

Il faut dire que la proposition d’ouvrir les allocations dès la première naissance et les limiter à trois enfants est revenue dans le cadre du grand débat. «Nous regardons le sujet de l’allocation familiale dès le premier enfant de près mais nous ne toucherons pas à l’universalité des allocations familiale dans ce cadre», a promis à l’Unaf Christelle Dubos, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités. Quand on les interroge concrètement sur leur budget familial, plus de la moitié des parents de deux et de trois enfants évoquent des difficultés. Ce chiffre s’envole pour les familles de quatre enfants. 73% d’entre elles peinent à boucler leurs fins de mois. Pour réaliser des économies, les familles nombreuses réduisent en priorité les dépenses sur leurs vacances, les loisirs et activités. Viennent ensuite les habits et l’alimentation. C’est sur la question des études supérieures que les différences sont les plus marquées entre les familles. 16% des familles de deux enfants estiment que ces frais peuvent être réduits. Les familles de quatre enfants et plus sont deux fois plus nombreuses (32 %) à envisager ce sacrifice. Enfin, à mesure que la famille s’accroît, le maintien d’une activité professionnelle à temps complet pour les deux conjoints s’avère souvent difficile. L’Unaf rappelle ainsi que seulement 59 % des mères de famille nombreuse sont présentes sur le marché du travail contre 77% des mères de deux enfants.

LIRE AUSSI : Politique familiale – les Français inquiets de la disparition d’un modèle :

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2018/03/23/31001-20180323ARTFIG00323-politique-familiale-les-francais-inquiets-de-la-disparition-d-un-modele.php

Cet article est publié dans l’édition du Figaro du 29/04/2019.


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