C’est la figure du Bon Samaritain, « médecin des âmes et des corps et “témoin fidèle” (Ap 3, 14) de la présence salvatrice de Dieu dans le monde » qu’a convoqué le Magistère dans son texte le plus récent sur « le soin des personnes en phases critiques et terminales de la vie ». Dans cette lettre de 2020, Samaritus Bonus, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi reprend tout l’enseignement du Magistère sur la question de la fin de vie. Elle entend donner des pistes pour « accompagner la personne malade dans les phases terminales de la vie, de manière à l’assister tout en respectant et en promouvant toujours sa dignité humaine inaliénable, son appel à la sainteté et, par conséquent, la valeur suprême de son existence même ».
De nos jours, constate le texte, « la gestion organisationnelle ainsi que l’articulation et la complexité élevées des systèmes de santé contemporains peuvent réduire la relation de confiance entre le médecin et le patient à une relation purement technique et contractuelle. Un tel risque pèse lourdement sur les pays où sont adoptées des lois légitimant les formes de suicide assisté et d’euthanasie volontaire des patients les plus vulnérables. » (§3) Face à ces défis, « Les soins dits palliatifs sont l’expression la plus authentique de l’action humaine et chrétienne qui consiste à prendre soin, le symbole tangible du fait “d’être debout” par compassion auprès de ceux qui souffrent. » (§63)
La lettre plaide pour qu’un « effort déterminé » soit fait « pour étendre ces soins à ceux qui en auront besoin, non seulement dans les phases terminales de la vie, mais aussi comme une approche intégrée des soins en relation avec toute pathologie chronique et/ou dégénérative, qui peut avoir un pronostic complexe, douloureux et funeste pour le patient et sa famille ». Elle insiste aussi sur le fait que « L’assistance spirituelle au malade et à sa famille fait partie des soins palliatifs » : « L’horizon vital d’une maladie terminale génère une profonde souffrance chez le malade, qui nécessite une attention qui ne soit pas seulement technique. Spe salvi facti sumus, c’est dans l’espérance, l’espérance théologale orientée vers Dieu, que nous avons été sauvés, dit saint Paul (Rm 8, 24). » (§67)
Inévitablement, pour un texte qui aborde le sujet de la fin de vie, Samaritus Bonus « juge nécessaire de réaffirmer comme un enseignement définitif que l’euthanasie est un crime contre la vie humaine parce que, par un tel acte, l’homme choisit de causer directement la mort d’un autre être humain innocent. » Une conviction que l’Église a toujours défendue : déjà, en 1957, dans un discours prononcé devant des anesthésistes que le pape François a qualifié de « mémorable », le pape Pie XII avait défini cette ligne de crête de la position de l’Église, réaffirmant que l’euthanasie n’était pas licite, tout en définissant comme moralement acceptable de s’abstenir ou de suspendre l’utilisation de mesures thérapeutiques lorsque leur utilisation ne correspond pas au critère de « proportionnalité du traitement ». Il s’agit de la première allusion d’un pape à « l’acharnement thérapeutique ».
« Choisis donc, la vie » du Deutéronome 30,19
Tout au long de son existence, l’être humain est appelé à effectuer des choix. Des choix plus ou moins importants, des choix qui auront ou non des répercussions, et qui vont ou non changer sa vie et celle de ses proches.
Certains choix peuvent être rapidement posés : par exemple, celui d’accueillir ou non la vie !
Mais n’oublions jamais que toute vie est sacrée, depuis sa conception jusqu’au moment du grand passage qui nous conduit vers le Père.
La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Elle peut parfois même ressembler à un combat, comme nous le rappelle sainte Mère Teresa de Calcutta, qui a humanisé la vie de bien des personnes en train de mourir sur le trottoir.
Puissions-nous tout mettre en œuvre pour aider les personnes à vivre jusqu’au bout de leur existence, avec le moins de souffrances possible.
« La vie est beauté, admire-la. La vie est félicité, profites-en. La vie est un rêve, réalise-le. La vie est un défi, relève-le. La vie est un devoir, fais-le. La vie est un jeu, joue-le. La vie est précieuse, soigne-la bien. La vie est richesse, conserve-la. La vie est amour, jouis-en. La vie est un mystère, pénètre-le. La vie est une promesse, tiens-la. La vie est tristesse, dépasse-la. La vie est un hymne, chante-le. La vie est un combat, accepte-le. La vie est une tragédie, lutte avec elle. La vie est une aventure, ose-la. La vie est bonheur, mérite-le. La vie est la vie, défends-la. » Mère Teresa (1910-1997).
Père Pierre Machenaud (conseiller ecclésiastique de la CNAFC).
Les Bons Samaritains de la fin de vie