Lettre de la présidente de la Fédération des AFC du Rhône et du président de l’AFC Villefranche-Beaujolais à Cyrille Isaac-Sibille, député du Rhône

 Le 14/10/19 

Monsieur le Député,

Suite à notre rencontre de lundi 7 octobre, nous tenons vraiment à vous remercier de votre accueil et du temps que vous nous avez consacré. Entretien très ouvert et captivant.

Nous résumons et commentons, car des contradictions nous laissent espérer que votre réflexion n’est pas totalement achevée.

En filigrane : les enfants qui sont le maillon faible ; ils ont des droits, eux aussi.

Merci de nous lire patiemment.

Nous avons noté vos positions suivantes :

– accord pour la PMA pour couples de femmes,

– l’absence de père n’est pas un obstacle

– opposition à l’ouverture aux femmes seules (démarche trop individualiste et précarité fréquente)

– attachement au couple parental, hétéro ou homo

– opposition à la GPA

– opposition à la marchandisation des gamètes et du corps

– grande méfiance à l’égard de toute manipulation du génome, mais le temps manquait pour développer

– refus de l’eugénisme

– paradoxalement, nous n’avons pas eu le temps d’échanger sur le remboursement par l’assurance « maladie », ni sur les risques médicaux de la PMA

– favorable à un grand plan de recherche sur l’infertilité

Sur beaucoup de ces points, nos avis se rejoignent. Mais…

Mais nous sommes convaincus que toutes ces mesures s’emboitent comme des poupées russes : accepter la première imposera toutes les autres.

Vous nous dites : « la PMA est le prolongement logique du mariage pour tous ». Oui : c’était l’un des motifs de notre rejet de cette loi. Première illustration de cet enchaînement.

Aujourd’hui, vous prédisez que cette PMA sans restriction sera suivie d’une demande de GPA par soucis d’égalité.

Alors : pouvez-vous fermer les yeux ?

La pénurie de gamètes imposera une rémunération des donneurs. C’est le cas partout.

Se voiler la face encore ?

La sélection des embryons est associée à la PMA et à la GPA (DPI). Comment la distinguer de l’eugénisme ? Imaginez les commentaires ensuite… Ce sera lourd à assumer.

Sur l’importance du père, vous voulez vous élever au dessus des idées préconçues. Démarche très respectable. Vous faites alors référence aux nombreuses études anthropologiques mondiales, qui ont observé « à peu près tout ».

Prudence toutefois : tout ce qui existe de par notre planète est-il transposable en France ? Des coutumes anciennes ou de peuplades lointaines s’intègrent à une autre culture, qui a sa propre cohérence. On ne peut y choisir à son gré un élément isolé sans perdre cette cohérence et risquer l’absurde. Par exemple : polygamie, lapidation des homosexuels, amputation des voleurs,… Ainsi, affirmer que « un enfant n’a pas besoin de père » est contraire à notre culture et à bien des études scientifiques de valeur.

Est-il bien sérieux de balayer cet acquis en quelques semaines d’audition ? Peut-on aussi rappeler avec insistance que les contributions des états généraux de la bioéthique et trois enquêtes IFOP (1) en un an ont constamment souligné que nos concitoyens tiennent à la présence du père.

Prise en compte ? ? ? Vous faites référence à la foi en Dieu qui nous a créés libres et entièrement responsables. Oui. Nous souscrivons.

Mais il a aussi laissé quelques commandements : « aimez-vous les uns les autres » ou « ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse ». De l’avis unanime,… c’est très difficile à bien décliner et nous avons une exigence de discernement.

Peut-on alors s’autoriser n’importe quelle fantaisie ou renoncement ? Nous comprenons parfaitement le désir d’enfant. Nous y sommes très sensibles car… concernés aussi dans nos familles. Mais nous prédisons tout de même que, en fermant les yeux sur les conséquences de cette loi, les députés avaliseront de facto la souffrance de la plupart de ces enfants, l’esclavage de la GPA, la marchandisation du corps, la sélection eugénique.

Et, après les auditions et leur vote, ils ne pourront pas dire que c’est arrivé « à l’insu de leur plein gré » !

Nous sommes conscients que leurs responsabilités vont être tout à fait exceptionnelles, car le projet touche au cœur de notre Humanité.

Quant à nous, nous soutiendrons leur courage devant les générations futures.

Nous vous assurons de notre plus profond respect pour votre fonction et les responsabilités que vous portez.

Sur la table : notre détermination.

L’inconnue : votre conscience.

Merci Monsieur le Député.

Noyale Girard Présidente de la Fédération AFC du Rhône

Christian Gravier Président AFC Villefranche-Beaujolais

(1)15 juin 2018, 12 juin 2019, 26 septembre 2019